lettre a P



Chère P,

Je suis partie sans dire au revoir. La photo de profil disait tout de toi, le concours de vanités entre toi et moi, la photo des vacances que l'on affiche et la course à celle qui sera la plus belle.

Le concours de vanités, celle qui fera mieux, et la peur de l'autre, l'ennemi. Ce n'est ni toi ni moi, c'est la peur.

Je suis partie sans faire de bruit parce que je voulais me centrer sur moi-même, et si j'écris, ce n'est pas tant pour que tu le lises, c'est surtout pour tenir loin mes émotions ou mieux les comprendre. Tenir à distance le monde et voir mes réactions. Je ne demande pas à qui tu sais de me guérir, je n'en voudrais pas de ce genre de relation.

Je veux juste aimer du mieux possible. J'ai aussi compris que toi aussi, tu étais aussi insécure que moi. Tout le dit, la photo de toi plus jeune transpire d'un "aime-moi encore", et je reconnais en toi mes propres failles. Quand la peur m'oppresse, elle m'éloigne de moi et de lui. Je deviens cette chose qui fait et dit n'importe quoi. Les gens blessés blessent, c'est idiot. Tu as peur de moi comme j'ai peur de toi. Je n'ai pas envie de lui plaire, juste d'être moi.

Je voudrais que cette missive ne te soit pas lue. Je fais ce que je peux, comme toi. Et quand j'essaie, comme toi, de me recentrer sur moi, tu es l'autre femme, celle qui existe dans le cœur de mon aimé.

J'ai la tête qui tourne et tout me ramène à toi que j'ai bloquée sur les réseaux. Est-ce qu'elle a liké ceci ou cela ? Je voudrais vraiment m'en ficher un peu de toi et me centrer sur ma vie, parce qu'elle est belle et qu'elle vaut le coup. Et mon cerveau cherche le bouton, la réponse... il n'y en a pas, et plus je cherche, plus je complique les choses. Je ne ferai pas lire à qui tu sais ces écrits. Si elle tombe dessus, ce sera le hasard.

J'ai fini par comprendre aussi que vous étiez, que nous étions tous insécur(e)s. Vous avez peur des émotions des autres. Je fais le gage d'aimer avec tous les risques que cela comporte, avec la joie et la peur. Je tais mes colères, mes peurs et mes insécurités. Je vois en toi le miroir à double face.

Le désir de gagner, de posséder, je regarde tout cela sans complaisance. J'écris ici, et cela ne sera pas publié. C'est, comme je le disais, pour tenir à distance le monde et m'éloigner de toi. Que chaque jour qui passe de cette saison me tienne loin de toi et de mon désir de vouloir te changer. Je fais le vœu d'aimer mieux, de chérir sa liberté et de ne pas vouloir être choisi(e).

Toute histoire contient sa propre fin, la nôtre est écrite, que ce soit la mort ou d'autres circonstances. Mon cerveau s'affole, ma raison me dit non. Pourtant, c'est ainsi, et c'est la vie.


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